Atelier des jeunes chercheurs- K. Rivière – J. Lamaze


Monday 7 December 2015    
Toute la journée
Atelier des jeunes chercheurs / Εργαστήριο νέων ερευνητών

Lundi 07 décembre
Δευτέρα 07 Δεκεμβρίου
17:00

Salle des conférences de l’EFA / Αίθουσα διαλέξεων της EFA

Peut-on parler de sacrifice grec ? Une notion encombrante à l’épreuve des faits

Karine RIVIÈRE – EFA
Jérémy LAMAZΕ – ArScAn – Université de Lorraine

Résumé:

Les Grecs de l’Antiquité n’ont pas de mot pour désigner ce qu’à la suite de J.-P. Vernant les chercheurs spécialistes nomment « le sacrifice sanglant de consommation alimentaire ». Certains termes font effectivement référence à cette cérémonie, au cours de laquelle la mise à mort d’une victime animale est suivie du partage des parts comestibles et non comestibles entre les hommes et les dieux, mais ces termes peuvent tous également désigner d’autres cérémonies, qui n’impliquent pas le partage de la victime, ou qui n’impliquent même aucune mise à mort. Inadéquate parce qu’elle ne renvoie pas nécessairement à une catégorie que les Anciens ont tenu à distinguer à travers leur lexique, l’expression « sacrifice sanglant de consommation alimentaire » l’est aussi parce que penser cette cérémonie comme étant un « sacrifice » invite à donner une importance sans doute exagérée à la mise à mort de la victime, et au prétendu sentiment de culpabilité qu’elle implique. Pour les anciens Grecs, la mise à mort peut avoir été un moyen permettant d’établir une communication avec des puissances supérieures, mais quand l’animal abattu devait être partagé, ce n’était que le pivot autour duquel s’organisaient les actes de consécration, consécrations de prémices d’une part, et des parts réservées aux dieux de l’autre. Ces séquences rituelles ne se distinguent pas des autres parce qu’elles impliquent une mise à mort, mais parce qu’elles sont de loin les plus complexes. C’est dans leur complexité même que réside leur signification, et l’apport majeur de l’anthropologie structurale est d’avoir montré comment les éléments composant ces séquences pouvaient être compris comme autant de parties d’un discours révélant leur signification profonde. Cela étant, les sources textuelles, iconographiques, et archéologiques suggèrent qu’avant l’époque classique l’ordonnance d’une séquence comprenant la mise à mort et le partage d’une victime n’est pas fixe, et le choix des éléments composant la séquence devait être fonction du contexte et de l’implication personnelle des protagonistes. Il est donc moins pertinent de tenter de dégager une signification, une « théorie générale du sacrifice », que de montrer dans quelles conditions les Grecs ont pu chercher à présenter l’abattage d’une victime animale comme un sacrifice.

 

CONTACTS

Sophia Zoumboulaki
Assistante administrative pour la Direction des Études
sophia.zoumboulaki@efa.gr
+ 30 210 36 79 904

Nolwenn Grémillet
Communication
nolwenn.gremillet@efa.gr
+ 30 210 36 79 943