J. Faguer- Publication d’article- Statuts et propriété foncière

L'article de Julien Faguer, « Statuts et propriété foncière dans l’Athènes des IIIe et IIe siècles av. J.-C. : la question de l’enktésis », vient de paraître.

« Statuts et propriété foncière dans l’Athènes des IIIe et IIe siècles av. J.-C. : la question de l’enktésis », dans Stéphanie Maillot, Julien Zurbach, éd., Statuts personnels et main-d’œuvre en Méditerranée hellénistique, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2021, p. 61-91.
(ISBN 978-2-84516-976-0)
 
Résumé :
L’abolition du métoikion, la taxe pesant sur les étrangers résidents à Athènes, au plus tard dans la seconde moitié du IIIe siècle av. J.-C., n’a pas eu d’incidence sur l’accès des non-citoyens à la propriété foncière. Jusqu’au milieu du IIe siècle av. J.-C., la cité a continué d’accorder à de rares étrangers privilégiés le droit d’acquérir une maison et, plus rarement, des terres sur le territoire civique (enktèsis gès kai oikias), un privilège dérogatoire qui prouve par son existence même que la propriété foncière et le crédit hypothécaire restaient autrement interdits à la vaste majorité des non-citoyens. L’étude attentive de l’enktésis, rendue possible à Athènes grâce à un corpus de 62 inscriptions gravées entre la fin du Ve siècle et le milieu du IIe siècle, permet de montrer que le privilège a eu un impact très limité sur la position économique des métèques : réservé en grande majorité à des proxènes, il vise d’abord à garantir à ces soutiens de la cité à l’étranger le maintien de leur statut social en cas d’exil forcé à Athènes. Les évolutions du formulaire au cours des IIIe et IIe siècles av. J.-C., sur lesquels se focalise cette étude, permettent de mieux mettre en lumière les nombreuses restrictions qui encadraient l’exercice du privilège et en atténuaient considérablement l’intérêt sur le plan économique. Seul l’octroi du droit de cité (politeia) apportait en définitive la sécurité institutionnelle nécessaire à l’exercice pérenne d’activités de crédit. L’examen de témoignages littéraires, enfin (Orateurs attiques pour l’époque classique et testaments de directeurs d’écoles philosophiques pour la période hellénistique), suggère cependant que des transactions foncières restaient possibles pour des étrangers en dehors d’un cadre institutionnel bien établi, mais au prix d’une insécurité accrue. Si l’enktèsis disparaît de la documentation au cours du IIe siècle av. J.-C., c’est donc semble-t-il à la fois en raison du déclin de la proxénie, et parce que la naturalisation, assortie d’un droit de propriété sans limitation, semble désormais plus accessible aux étrangers aisés.