4. L’Anavlochos – Recherches en cours

Le contexte micro-régional comme les vestiges mis au jour par ces premières explorations faisaient de l’Anavlochos un terrain d’étude exceptionnel pour documenter la période de transition qui sépare les palais des cités dans la région du Mirambello. C’est la raison pour laquelle l’EFA y a entrepris de nouvelles recherches à partir de 2015, sous la responsabilité de F. Gaignerot-Driessen.

Dans un premier temps (2015-2016), la prospection archéologique, topographique et géomorphologique de 150 ha massif a permis de relocaliser l’ensemble des vestiges signalés par P. Demargne et de préciser l’étendue, la nature et la chronologie de l’occupation antique. Il est ainsi apparu que celle-ci avait commencé à la fin du Minoen Récent IIIB (Tableau 1) sous la forme de petits habitats dispersés tout au long de la chaîne. Au Protogéométrique, la plupart de ces premiers sites résidentiels sont abandonnés au profit de ceux qui occupaient le vallon central. Un centre urbain s’y développe alors progressivement sur une dizaine d’hectares (fig. 5). Il est entièrement restructuré au Géométrique Récent et abandonné au début du VIIe s avt n. è. Au pied du vallon central, la nécropole de Lami se déploie sur environ 12 ha en de petits groupes de tombes de types variés couronnant les éminences qui jalonnent les pentes. Outre le dépôt votif signalé par Demargne à Kako Plaï, la prospection a également permis de localiser deux nouveaux espaces cultuels (dépôts 1 et 2) sur le sommet.
 




Fig. 5 : Plan topographique de l’Anavlochos en 2017 (© EFA/Mission Anavlochos)
 
 
À partir de ces résultats et dans le cadre du nouveau contrat quinquennal de l’EFA des fouilles ont été engagées sur l’Anavlochos en 2017. Elles ont révélé l’existence de nouveaux groupes de tombes dans le cimetière. La fouille de l’un d’entre eux a permis de mettre au jour un espace de crémation situé entre deux tombes à fosse, malheureusement pillées (fig. 6). L’amoncellement de pierres qui recouvrait cet ensemble et le muret curviligne qui l’enclot semblent indiquer qu’il s’agissait d’un tumulus. Le mobilier retrouvé comprend de grands vases décorés du Géométrique Récent.


Fig. 6 : Groupe de tombes mis au jour en 2017 dans la nécropole (© EFA/Mission Anavlochos)


Sur la pente de Kako Plaï, quelques mètres au-dessus du dépôt votif découvert par Pierre Demargne en 1929, un petit sanctuaire à banquette contenant du mobilier Minoen Récent IIIC à classique a été exhumé. Un skyphos protogéométrique et une tête de statuette féminine provisoirement datée de la fin du Minoen Récent IIIC ou du Protogéométrique (fig. 7) ont en particulier été retrouvés au pied de la banquette.
 
Fig. 7 : Tête de statuette féminine provenant du sanctuaire de Kako Plaï (© EFA/Mission Anavlochos/Ch. Papanikolopoulos)
 

Sur le sommet, les deux dépôts votifs localisés pendant la prospection ont également été fouillés en 2017. Le dépôt 2 se situait dans les cavités les plus élevées d’un petit pic rocheux (figs 5 et 8) : 150 fragments de figurines et de statuettes zoomorphes et de cornes de consécration y ont été collectés (figs 9-11). L’ensemble de ce mobilier date du Minoen Récent IIIC.

 

Fig. 8 : Le lieu du dépôt votif 2 vu du Sud-Est (© EFA/Mission Anavlochos/R. Machavoine)





Fig. 9-11 : Figurines et statuettes provenant du dépôt 2 (© EFA/Mission Anavlochos/Ch. Papanikolopoulos)
 

Le dépôt 1 se trouve 150 m à l’Ouest du dépôt 2 (fig. 5): dans les fissures naturelles d’une saillie rocheuse, 550 fragments de figurines, statuettes et plaques de terre-cuite ont été mis au jour. Celles-ci sont datées entre le Protogéométrique et l’époque classique et représentent exclusivement des figures et créatures féminines (figs 12-20).

 



Fig. 12-19 : Figurines, statuettes et plaques provenant du dépôt 1 (© EFA/Mission Anavlochos/Ch. Papanikolopoulos)

 
Entre 2015 et 2018, la mission Anavlochos a bénéficié du soutien financier de l’EFA, de l’INSTAP, du programme ARC Crisis (UCLouvain), d’ARPAMED, de la Fondation Humboldt, du FNRS, du CNRS (EA 7338 et UMR 8167), du Cyprus Institute, des Universités de Caroline du Nord (UNC), Stanford, Cincinnati, Paris-Sorbonne, Bordeaux, Lorraine, Heidelberg et Cardiff.




© EFA / F. Gaignerot-Driessen